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Risques pour la santé à la suite de l’accident nucléaire de Fukushima

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Contexte - Le 11 mars 2011, la côte Est du Japon a été touchée par un tremblement de terre de magnitude 9 et une série de vagues de plusieurs mètres lors du tsunami qui a suivi, provoquant des dégâts considérables sur les infrastructures, et notamment sur la centrale nucléaire de Fukushima.

Quels sont les impacts sur la santé de cet accident pour les travailleurs et la population générale ?

Ceci est un résumé fidèle du rapport produit en 2013 par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : "Health risk assessment from the nuclear accident after the 2011 Great East Japan earthquake and tsunami, based on a preliminary dose estimation (2013) " 

  • Source :OMS (2013)
  • Résumé & Détails: GreenFacts
Dernière mise à jour: 27 avril 2015

Introduction

Il s’agit de la première analyse des effets globaux sur la santé dus à l’exposition aux radiations après l’accident de Fukushima ; elle a pour objectif d’estimer son impact potentiel sur la santé publique afin de pouvoir anticiper les besoins de santé futurs.

Cette évaluation des risques pour la santé a été menée par des experts internationaux indépendants, choisis par l’OMS pour leurs compétences et leur expérience en matière de modélisation des risques radiologiques, d’épidémiologie, de dosimétrie, et concernant les effets des rayonnements et la santé publique.

Que s’est-il passé exactement le 11 mars 2011 au Japon ?

Le 11 mars 2011, la côte Est du Japon a été touchée par un tremblement de terre de magnitude 9 et une série de vagues de plusieurs mètres lors du tsunami qui a suivi, provoquant des dégâts considérables sur les infrastructures. Sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima, l’alimentation électrique et les moyens de contrôler et de refroidir les réacteurs ont été bloqués. Dans les jours suivants, des fusions se sont produites sur trois réacteurs et une série d’explosions d’hydrogène gazeux a rejeté des radionucléides dans l’atmosphère. Une zone d’évacuation de 3 kilomètres a été établie dans un premier temps, rapidement élargie à 20 kilomètres.

D’autres mesures de protection ont été mises en œuvre pour réduire les doses sur le long terme, notamment le déplacement de la population dans certaines zones. Des comprimés d’iode stable pour le blocage de la thyroïde ont été distribués, mais on estime que seul un faible nombre de personnes les ont réellement utilisés.

Quelles sont les conséquences potentielles d’un rejet de matières radioactives ?

Les effets néfastes sur la santé des rayonnements ionisants peuvent être dus à deux mécanismes distincts :

  • la destruction des cellules, qui peut entraîner une déficience fonctionnelle du tissu ou de l’organe exposé, si un nombre suffisant de cellules sont touchées ;
  • des changements non-létaux au niveau des molécules d’une cellule isolée, généralement la molécule d’ADN, qui peut donner lieu à un risque accru de maladie bien après l’exposition.

Des éléments de preuve issus d’événements passés confirment que toute émission importante et non contrôlée de rayonnements doit faire l’objet d’une réaction immédiate et d’une évaluation scientifique des effets potentiels sur la santé.

Quels étaient les niveaux d’exposition des différentes populations et les principaux risques associés identifiés ?

Les doses délivrées aux organes sur une vie entière ont été estimées pour la population générale au sein de zones géographiques allant des zones les plus touchées de la préfecture de Fukushima au reste du monde. Les risques vie entière ont été estimés pour les deux sexes et à trois âges d’exposition différents (1 an [nourrisson], 10 ans [enfant] et 20 ans [adulte]). Les risques pour la santé des travailleurs d’urgence de sexe masculin ont été estimés à trois âges différents (20 ans, 40 ans et 60 ans).

Aucun effet aigu dû à l’exposition aux radiations, comme un syndrome d’irradiation aiguë ou des lésions cutanées, n’a été observé sur la population générale.

Mis à part les travailleurs qui portaient des dosimètres, il est très difficile d’évaluer le niveau des rayonnements auxquels les personnes ont été exposées. Les estimations ont été délibérément choisies de sorte à réduire au minimum la possibilité de sous-estimation des risques éventuels pour la santé. En général, le risque de cancer augmente davantage chez les sujets féminins que masculins, et davantage chez les sujets exposés au stade de nourrisson que chez ceux exposés au stade d’enfant ou d’adulte.

  • Chez les travailleurs d’urgence de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi :
    • Le risque de leucémie, de cancer de la thyroïde ou de l’ensemble des cancers solides est accru par rapport à la population générale.
    • Douze travailleurs d’urgence ont été exposés à de grandes quantités d’iode radioactive et pourraient développer des troubles non cancéreux de la thyroïde.
  • Dans les zones les plus touchées de la préfecture de Fukushima, les doses de rayonnement estimées pour la première année allaient de 12 à 25 mSv. Dans cette situation, l’augmentation des risques vie entière estimés par rapport aux taux de référence s’établit à :
  • pour l’ensemble des cancers solides - environ 4% chez le sujet de sexe féminin exposé au stade de nourrisson, 3% chez le sujet de sexe masculin ;
  • pour le cancer du sein - environ 6% chez le sujet de sexe féminin exposé au stade de nourrisson ;
  • pour la leucémie - environ 6% chez le sujet de sexe féminin exposé au stade de nourrisson, 7% chez le sujet de sexe masculin ;
  • pour le cancer de la thyroïde - environ 70% chez le sujet de sexe féminin exposé au stade de nourrisson, environ 60% chez le sujet de sexe masculin ;

Ces pourcentages représentent des augmentations relatives estimées par rapport aux taux de référence; par exemple, chez la femme, si le risque estimé de développer au cours de la vie entière un cancer de la thyroïde est de 0,77 % et le risque additionnel estimé au cours de la vie entière est de 0,52 % pour un nourrisson de sexe féminin, alors le risque estimé total est de 1,29%.

  • En dehors des zones géographiques les plus touchées par les rayonnements, y compris même en certains endroits de la préfecture de Fukushima, les risques prévus restent faibles et aucune augmentation observable des cancers n’est anticipée au-delà des variations naturelles des taux de référence.
  • A l’extérieur du Japon, cette évaluation des risques pour la santé conclut que l’événement de Fukushima ne devrait entraîner aucune augmentation perceptible des risques pour la santé.
  • Les doses de rayonnement dans la préfecture de Fukushima étaient bien inférieures à certains niveaux de doses de rayonnement qui, s’ils sont dépassés, peuvent avoir un impact direct sur la santé, et ces effets ne devraient donc pas être observés sur la population générale.

Parmi les effets sur la santé autres que les cancers figurent des maladies de la thyroïde (nodules, dysfonctionnement), une déficience visuelle (opacité du cristallin, cataracte), des réactions cutanées aiguës et des troubles hémopoïétiques, gastro-intestinaux et neurovasculaires, selon le niveau des doses.

Quelles sont les incertitudes autour de ces risques estimés et les priorités fixées pour les années à venir ?

La relation entre l’exposition aux rayonnements et le risque de cancer au cours d’une vie entière est complexe et varie en fonction de plusieurs facteurs, principalement la dose de rayonnement, l’âge au moment de l’exposition, le sexe et le site du cancer. Ces facteurs peuvent entraîner des incertitudes dans les prévisions relatives aux risques liés aux rayonnements, en particulier lorsqu’il s’agit d’évaluer les risques à des doses faibles.

Ces estimations fournissent des informations utiles pour fixer les priorités des années à venir en matière de suivi de la santé de la population, une surveillance déjà entamée avec l’enquête sur la gestion de la situation sanitaire à Fukushima (Fukushima Health Management Survey).

Les connaissances scientifiques sur les effets des rayonnements pouvant encore progresser à l’avenir, en particulier concernant les faibles doses, il est possible que de nouvelles études et d’autres estimations des doses modifient notre compréhension actuelle des risques liés à cet accident radiologique.


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