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Les perturbateurs endocriniens et leur impact sur la santé humaine et l’environnement

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Contexte - Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques pouvant influencer le fonctionnement du système d’hormones et de récepteurs qui régulent le corps.

Quels sont les risques liés à ces substances chimiques ?

Ceci est une synthèse et un résumé de plusieurs rapports scientifiques de consensus. Pour une liste complète des sources, vous pouvez vous référer à la section références.

Dernière mise à jour: 1 mai 2015

Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?

La définition adoptée au niveau international des perturbateurs endocriniens est la suivante :

« Un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange exogène altérant les fonctions du système endocrinien, et induisant des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact, de ses descendants ou sous-populations ».

Le système endocrinien est composé de toutes les glandes productrices d’hormones et des récepteurs des hormones dans le corps. Il joue un rôle très important dans le développement des embryons et dans la reproduction. Il joue également un rôle dans la régulation du métabolisme en général.

Pourquoi ces inquiétudes croissantes au sujet des perturbateurs endocriniens et de leurs liens avec certaines substances chimiques ?

Des effets nocifs sur la reproduction et le développement ont été observés, et il existe des données probantes démontrant des effets sur les populations d’animaux sauvages. Au cours des deux dernières décennies, une hausse de plusieurs troubles endocriniens a été constatée chez les humains.

Des études approfondies en laboratoire soutiennent l’idée que l’exposition à certaines substances chimiques donne lieu à des troubles endocriniens chez les humains et les animaux sauvages. L’exposition durant des périodes cruciales du développement peut causer des effets tardifs irréversibles, qui ne deviennent évidents que plus tard au cours de la vie. Toutefois, il est très difficile d’établir un lien entre certaines substances chimiques en particulier et la perturbation endocrinienne, notamment lorsqu’elles ne restent pas longtemps dans le corps.

Quels sont les principaux effets des perturbateurs endocriniens examinés ?

Les effets examinés peuvent être classés selon quatre grands groupes :

Impact sur la santé reproductive des humains
Il s’agit d’un des principaux sujets des effets sur la santé humaine des perturbateurs endocriniens. On observe des effets à la fois chez l’homme et chez la femme, qui vont d’un développement sexuel incomplet à des problèmes de fertilité.

Cancers hormono-sensibles chez les humains
Plusieurs cancers chez les humains sont influencés par des hormones et, dans ces cas, les perturbateurs endocriniens peuvent jouer un rôle dans leur développement. Cependant, pour un certain nombre de cancers hormono-sensibles, on manque d’informations sur le rôle potentiel des perturbateurs endocriniens.

Impact sur le développement et le métabolisme chez les humains
Les perturbateurs endocriniens peuvent avoir des effets sur certains systèmes hormonaux, notamment le système thyroïdien. Ils peuvent également avoir des effets sur les fonctions du système immunitaire. Certains éléments de preuve indiquent un lien entre l’exposition à des substances chimiques et l’épidémie actuelle d’obésité.

Impact sur les animaux sauvages
Les principaux paramètres considérés lorsqu’on observe les effets chez les animaux portent sur la reproduction et le développement. Des effets ont ainsi été observés sur plusieurs groupes d’animaux, des invertébrés aux mammifères.

Pourquoi est-ce délicat d’identifier les produits chimiques perturbateurs de la fonction endocrinienne (EDC) ?

De nombreuses substances chimiques sont capables d’interagir avec des récepteurs d’hormones stéroïdes (« activité endocrinienne »), mais il est souvent difficile de savoir si cela donne lieu systématiquement à des effets nocifs.

Les produits chimiques perturbateurs de la fonction endocrinienne peuvent avoir des effets à des doses bien inférieures à celles qui sont généralement utilisées dans les tests toxicologiques, et il pourrait être nécessaire d’adapter les méthodes actuelles d’évaluation des risques.

Les effets de seuil, qui correspondent à une dose en-dessous de laquelle il n’y a aucun effet, posent également problème. Par exemple, étant donné que le corps contient déjà un certain niveau d’œstrogène naturel, on peut avancer que toute quantité supplémentaire d’agents œstrogéniques d’origine extérieure pourrait avoir un effet, sans effet de seuil.

Cela donne lieu à une incertitude considérable et il est probable que certains effets nocifs sur les humains et les animaux sauvages soient omis. Tant que des tests plus performants ne seront pas disponibles, l’identification des dangers et des risques doit également reposer sur des approches épidémiologiques.

Quel est « l’état actuel de la science » concernant les différentes familles de substances chimiques les plus souvent examinées ?

Veuillez trouver ci-dessous un résumé des principaux groupes de substances chimiques qui sont examinées pour leur effet perturbateur potentiel sur le système endocrinien.

  • Le bisphénol A. Ses effets sont multiples, en fonction de sa capacité à interférer avec l’œstrogène, la progestérone et les hormones thyroïdiennes. Il a été démontré que l’exposition durant l’organogénèse produisait des effets nocifs irréversibles sur le développement du système reproducteur.
  • Les phtalates. Des données probantes établissent qu’ils peuvent être à l’origine de problèmes de développement chez les fœtus mâles en interférant avec la synthèse de la testostérone. Certains phtalates (notamment le phtalate de benzyle et de butyle (BBP) et le diéthylhexylphtalate (DEHP)) interagissent également avec les récepteurs d’œstrogène. L’étude des effets sur les animaux sauvages demeure très insuffisante. 
  • Les parabènes. Les données issues d’études épidémiologiques chez les humains sont très limitées. Un certain effet sur la densité du tissu mammaire a été établi, mais rien n’indique qu’ils puissent augmenter les risques de cancer du sein. 
  • Les PCB (polychlorobiphényles). L’exposition aux PCB a été associée à un risque accru de cancer du sein et d’autres cancers. Les PCB ont également un effet sur le développement neural. Enfin, des effets ont été observés sur des modèles animaux. 
  • Les dioxines (PCDD et PCDF). Les dioxines ont des effets semblables à ceux des PCB. Elles sont associées à la ménopause précoce, au cancer du sein et au cancer de la thyroïde
  • Les diphényléthers bromés (utilisés comme retardeurs de flamme). L’exposition durant le développement du jeune enfant peut avoir des effets importants sur le développement neural. Ils ont également certains effets potentiels sur la reproduction. 
  • Les composés perfluorés (CPF). Il a été établi que ces substances chimiques interféraient avec la conversion des hormones thyroïdiennes. Il existe également un lien avec des niveaux accrus de cholestérol, ce qui laisse à penser qu’ils pourraient être à l’origine de troubles métaboliques. Les effets des CPF sur les animaux sauvages n’ont pas encore été déterminés. 
  • Les pesticides. Plusieurs familles de pesticides sont examinées :
    • Les dicarboxamides. Il existe des preuves expérimentales, mais aucune preuve directe de liens exposition-maladie, que ce soit pour les humains ou pour les animaux sauvages.
    • Les fongicides d’azole. (notamment les triazoles et les imidazoles). Des données issues d’études épidémiologiques ont établi des effets sur les bébés de mères exposées à ces pesticides durant leur grossesse, mais aucun lien avec un composant spécifique.
    • Les triazines. (l’altrazine et la simazine figurent parmi les herbicides les plus répandus). Des problèmes de développement sexuel ont été observés chez des grenouilles sauvages issues de sites contaminés. Les effets chez les mammifères restent très méconnus.
     
  •  Les métaux lourds.
    • Le méthylmercure a de multiples modes d’action relatifs au système endocrinien.
    • Le plomb exerce une action à médiation endocrinienne dans le cadre de la libération accrue de l’hormone thyroïdienne TSH par la glande pituitaire.
    • Le cadmium, un lien faible est établi par certaines études épidémiologiques entre l’exposition professionnelle et le cancer du sein. Il semble également que le cadmium puisse avoir d’autres effets sur la santé des hommes et des femmes. Ses effets sur les animaux sauvages n’ont pas été suffisamment étudiés.
  • Autres substances chimiques. De nombreux nouveaux types de substances chimiques et groupes de substances chimiques ont été mis en avant ces dix dernières années comme présentant un risque potentiel. Dans le cas des écrans solaires filtres à UV et des muscs artificiels, qui sont présents dans de nombreux produits d’hygiène personnelle et cosmétiques, il n’existe pas encore de preuve directe chez les humains, mais des données existent pour certains d’entre eux issues d’études réalisées sur des animaux et in vitro

Quelles sont les principales recommandations du rapport ?

Les six recommandations faites dans le rapport de la Commission européenne sont les suivantes :

  1. Mettre en œuvre des méthodes de test validées et reconnues au niveau international dans le cadre des exigences relatives aux tests et aux informations pour la règlementation ; 
  2. Élaborer de nouveaux documents d’orientation pour l’interprétation des données issus des tests ; 
  3. Envisager la création d’une classification règlementaire distincte pour les « Perturbateurs endocriniens » ; 
  4. Concevoir des procédures d’analyse du poids de la preuve qui examinent les données disponibles en évaluant les critères « adversité » et « mode d’action » en parallèle, sans appliquer de façon séquentielle ces critères en vue d’exclure des substances de l’évaluation ; 
  5. Ne plus considérer l’« activité » comme seul critère, mais l’associer à d’autres critères tels que la toxicité, la spécificité, la gravité et l’irréversibilité dans le cadre d’une analyse du poids de la preuve.  
  6. Créer des catégories règlementaires qui encouragent la production des données nécessaires, y compris des méthodes de test qui ne sont pas validées, au-delà du cadre conceptuel de l’OCDE. 

Références:
Highlights prepared by GreenFacts of the report “State of the Art Assessment of Endocrine Disruptors” which presents the results of a project commissioned by the European Commission, DG Environment
 ec.europa.eu/environment/chemicals/endocrine/pdf/sota_edc_final_report.pdf
and its updated annex on the state of the science on endocrine disrupters :
 ec.europa.eu/environment/chemicals/endocrine/pdf/annex1_summary_state_of_science.pdf

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