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Désertification

8. Comment mieux comprendre la désertification ?

  • 8.1 Comment surveiller l’ampleur de la dégradation des terres ?
  • 8.2 Comment réduire les incertitudes liées aux changements brusques ou irréversibles ?

8.1 Comment surveiller l’ampleur de la dégradation des terres ?

Le document source utilisé pour ce Dossier dit:

L’érosion ronge les terres d’un fermier bolivien. Des
                                        techniques de labour inadéquates sont souvent à l’origine
                                        d’une telle érosion.
L’érosion ronge les terres d’un fermier bolivien. Des techniques de labour inadéquates sont souvent à l’origine d’une telle érosion. Source: Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire

Plusieurs incertitudes limitent la compréhension de l’importance de la désertification. La collecte d’informations – télédétection et données biophysiques et socio-économiques infranationales, le tout sur le long terme – doit permettre de développer une base de référence et des indicateurs de la désertification. Ce type d’informations aidera à réduire les incertitudes concernant les relations entre désertification, changement climatique, biodiversité, services des écosystèmes et bien-être humain.

Suivi, développement d’une base de référence et évaluation

Sans une base de référence scientifiquement fiable et cohérente sur la désertification, l’identification des priorités et le suivi des conséquences de nos actions sont sérieusement limités. Trois évaluations de l’étendue globale de la dégradation des sols ont donné des résultats différents : le rapport du PNUE/GLASOD (1990), les recherches de Dregne et Chou en 1992, et une évaluation plus récente, préparée pour l’EM par Lepers et al. en 2003 (C22.4.1). Ces évaluations de la dégradation des sols comportent toutes de graves faiblesses. La GLASOD ne repose que sur des opinions d’experts, inégales tant du point de vue de la qualité que des chiffres avancés. L’évaluation de Dregne et Chou s’est basée sur des sources secondaires, qu’ils ont qualifiées comme suit : «La base de données sur laquelle les évaluations de ce rapport sont établies est pauvre. Contributions anecdotiques, rapports de recherche, descriptions de voyageurs, points de vue personnels et expérience locale ont fourni la plupart des données utilisées pour les différentes estimations. » L’évaluation la plus récente, celle de Lepers et al., a l’avantage de combiner plusieurs sources d’information. Mais elle ne dispose pas d’une couverture géographique complète et se limite à 62 % des zones sèches, dont certaines ne bénéficient que d’une seule série de données. Cette évaluation a été décrite comme «un exercice de compilation de données à partir d’une variété de sources ayant différentes échelles, légendes, définitions, etc. Si nous avons fait de notre mieux pour les standardiser, il reste cependant de nombreuses incohérences et lacunes.» Les défauts de ces seules évaluations disponibles soulignent la nécessité d’un programme de suivi mondial systématique, menant à la création d’une base de référence scientifiquement fiable et cohérente de l’état de la désertification (C22.4.1).

L’utilisation intégrée de la télédétection par satellite, de photographies aériennes et d’observations terrestres peut fournir des données cohérentes sur la couverture végétale, susceptibles d’être répétées, avec un rapport coût/résultat satisfaisant. Les zones sèches se prêtent facilement à la télédétection parce qu’elles bénéficient la plupart du temps d’un ciel sans nuage. Une large gamme d’images est donc disponible. La continuité des observations est nécessaire pour rendre compte de la grande variabilité interannuelle des services des écosystèmes en zone sèche. Une interprétation valable de l’imagerie fournie par la télédétection pour la désertification nécessite une calibration et une validation précises par rapport aux mesures terrestres (comme la couverture végétale, la productivité biologique, l’évapotranspiration, la fertilité des sols et les taux de compaction et d’érosion). L’accès à une imagerie par satellite à un coût abordable, particulièrement dans les pays en développement, est crucial pour une utilisation intégrée efficace (S7.3.3).

Un suivi à long terme est nécessaire pour distinguer le rôle des activités humaines de celui du climat dans la variabilité de la production végétale. Les conséquences des activités humaines (telles que le surpâturage ou la salinisation des sols) et des variables climatiques (telles que la variabilité interannuelle des précipitations et des épisodes de sécheresse) sur la production végétale sont difficiles à distinguer. Une illustration de cette difficulté concerne les sécheresses et les famines répétées dans la région du Sahel. (Voir Encadré 7.1) La quantification de tels impacts nécessite une base de référence de la production végétale bien établie par rapport à laquelle les changements peuvent être évalués. Cette base de référence n’est souvent pas disponible et est d’autant plus difficile à établir qu’il existe d’importantes fluctuations d’une année à l’autre et même d’une décennie à l’autre (C2.2.1).

Comprendre les conséquences de la désertification sur le bien-être humain nécessite que nous améliorions notre connaissance des interactions entre les principaux facteurs socio-économiques et l’état des écosystèmes. La combinaison des facteurs qui affectent le bien-être humain varie selon le lieu et l’exposition à la désertification, comme l’illustre l’exemple de l’Encadré 7.1. Les conséquences sanitaires, par exemple, résultent d’une combinaison de facteurs comme l’état des écosystèmes, l’accès aux soins de santé, le statut économique et bien d’autres facteurs. Une augmentation minime des prix des aliments suite à de moins bonnes récoltes affectera le bien-être de nombreuses personnes. Détecter de tels impacts est souvent difficile, particulièrement dans les macro-analyses où les conséquences des transformations des écosystèmes sont souvent masquées par l’agrégation des données ou insuffisamment documentées. Des analyses reliant bien-être humain et état des écosystèmes sont plus facilement réalisées à l’échelle locale, où ces liens peuvent être le plus clairement identifiés (C2.ES).

Il s’ensuit que la collecte d’informations sur les facteurs socio-économiques liés à la désertification doit être réalisée à des échelles infranationales. L’EM a été capable de donner un aperçu spécifique de la corrélation entre bien-être humain et niveau d’aridité en désagrégeant, au niveau infranational, des données économiques et de bien-être telles que le PIB par habitant, la mortalité infantile et le taux de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans. Ceci a permis de catégoriser ces données selon le degré d’aridité. Des efforts de suivi au niveau national, qui collectent directement des données infranationales, voire des données à l’échelle des ménages, sont essentiels à notre compréhension des conséquences de la désertification sur le bien-être humain (C22.6.1).

Source & ©: EM  Synthèse sur la Désertification (2005),
Chapitre 7, p.19-21

8.2 Comment réduire les incertitudes liées aux changements brusques ou irréversibles ?

Le document source utilisé pour ce Dossier dit:

Réduire l’incertitude

Des défis scientifiques considérables doivent être relevés pour identifier les seuils au-delà desquels les systèmes des zones sèches atteindraient un stade critique ou irréversible. Ceci est dû en partie à notre manque de compréhension des interactions entre les facteurs biophysiques, sociaux et économiques. L’état des écosystèmes et les facteurs qui les influencent sont dynamiques et évoluent dans le temps. Ceci complique la prévision des résultats des politiques possibles ainsi que la détection des seuils d’irréversibilité (C22.6).

L’impact des stratégies de réduction de la pauvreté sur les services des écosystèmes et la désertification n’a pas été entièrement exploré par les gouvernements et la communauté internationale. Il faudra plus d’information pour évaluer les liens entre les politiques de réduction de la pauvreté et celles qui luttent contre la désertification. Les liens entre la pauvreté et les écosystèmes sont généralement ignorés par les politiques de réduction de la pauvreté. Même lorsque ces liens sont pris en compte, seules les valeurs économiques sont considérées. Pour être efficaces, les réponses à apporter devraient élargir le concept de pauvreté et essayer de placer les services des écosystèmes au centre des principaux programmes de réduction de la pauvreté.

La contribution des régions urbaines des zones sèches à la désertification est peut-être importante mais reste inconnue. La Figure 7.1 montre le recouvrement des zones urbaines avec les quatre catégories de régions sèches. La dépendance de ces villes envers les services des écosystèmes des zones sèches par rapport à ceux des zones non sèches est généralement mal connue. Comprendre cette dépendance permettra également de déterminer jusqu’à quel point les villes pourraient alléger la pression qui s’exerce sur les régions désertifiées par le biais d’activités économiques (C22.4.4).

Source & ©: EM  Synthèse sur la Désertification (2005),
Chapitre 7, p.21


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