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Paludisme Etat de la maladie

6. A quel point la lutte contre le paludisme est-elle efficace ?

  • 6.1 La lutte antipaludique peut-elle être correctement évaluée sur la base des données de surveillance de routine ?
  • 6.2 Quel a été l’impact de la lutte antipaludique dans la région OMS de l’Afrique ?
  • 6.3 Quel a été l’impact de la lutte antipaludique dans d’autres régions du monde ?

6.1 La lutte antipaludique peut-elle être correctement évaluée sur la base des données de surveillance de routine ?

Dans le Rapport mondial sur le paludisme 2008 publié par l’OMS, l’impact de la lutte antipaludique est évalué sur la base des rapports annuels de cas de paludisme et de décès liés la maladie issus des registres de surveillance nationaux. Les données varient grandement quant à leur qualité mais sont la source la plus abondante d’information sur les effets de la lutte antipaludique mondiale. Ces données sont utilisées pour déterminer si les nombres de cas de paludisme et de décès liés à la maladie varient au fil du temps, et si ces changements sont imputables à des mesures de prévention et de traitement spécifiques.

Des informations relatives au nombre de patients, de tests de laboratoire et de décès dus au paludisme sont disponibles pour la plupart des pays endémiques pour la période 2001-2006. Concernant quelques pays de la région africaine, il existe également des données relatives à l’ampleur et à la durée des interventions, ainsi qu’aux nombres de cas et de décès avant et après de telles interventions de prévention et de traitement. Bien qu’il ne s’agisse pas d’expériences contrôlées scientifiquement, elles donnent une indication de l’efficacité des mesures antipaludiques.

Il est important de garder à l’esprit que les changements pourraient être le fait non seulement des efforts consentis pour lutter contre le paludisme, mais également d’autres facteurs tels que les progrès de la surveillance ou des modifications des conditions climatiques et environnementales d’autre sorte qui pourraient perturber la transmission de la maladie. Quoi qu’il en soit, il semble que certains pays dans lesquels sont mis sur pied des programmes agressifs de traitement et de prévention, aient fait état de réductions considérables de la charge du paludisme.

6.2 Quel a été l’impact de la lutte antipaludique dans la région OMS de l’Afrique ?

Dans la région OMS de l’Afrique, le nombre rapporté de patients atteints de paludisme qui se présentent dans des centres médicaux sans y rester a progressivement augmenté et est passé de 3,2 millions en 2001 à 8,4 millions en 2006. Au cours de cette période, les admissions hospitalière et les décès dus au paludisme ont plus que doublé. Cette augmentation reflète très probablement une amélioration de la surveillance ou encore l’élaboration de rapports plus complets au cours des dernières années.

Dans la mesure où les campagnes de contrôle menées dans la plupart des pays d’Afrique n’avaient pas atteint de grandes parties de la population en 2006, une réduction globale de la charge du paludisme dans la région n’est pas encore attendue. Cependant, dans six pays ou parties de pays, le nombre de cas de paludisme et de décès liés à la maladie a diminué et les effets nationaux de la lutte antipaludique ont été particulièrement évidents au sein de quatre pays d’entre eux :

  • En Erythrée, la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide, les pulvérisations intérieures annuelles et la distribution de médicaments antipaludiques ont coïncidé avec une baisse du nombre rapportés de cas de paludisme et de décès liés à la maladie. Entre 2001 et 2006, le nombre de personnes souffrant de paludisme et admises à l’hôpital a chuté de 64%, celui des patients paludiques ne restant pas la nuit de plus de 90% et celui des décès dus au paludisme d’environ 80%. Ces tendances locales pourraient être dues à des facteurs environnementaux ou autres mais sont plus probablement dus aux mesures de contrôle du paludisme.
  • Entre 2001 et 2006, les efforts engendrés pour lutter contre le paludisme au Rwanda semblent ne pas avoir eu l’effet escompté. Cependant, les cas de paludisme et les décès liés à la maladie ont rapidement diminué suite à la distribution en 2006 de moustiquaires imprégnées d’insecticide longue durée et de médicaments de combinaison à base d’artémisinine. Cette tendance a été observée dans un certain nombre d’infrastructures sanitaires et doit être confirmée à l’échelle nationale.
  • En 2005 et 2006, il y avait assez de moustiquaires et de médicaments antipaludiques au Sao Tomé-et-Principe afin de protéger et de traiter la quasi-totalité de la population. Par rapport à la moyenne de 2001-2003, le nombre de cas confirmés de paludisme en 2006 a baissé de plus de 80%, et le nombre de décès de plus de 90%.
  • Au Zanzibar, l’accès aux médicaments de combinaison à base d’artémisinine a progressé à partir de septembre 2003, entraînant un recul du paludisme sur l’île. En 2006, les cas et décès avaient diminué de près de 80% par rapport à 2001-2002. Ce déclin pourrait en partie être dû à une diminution des rapports mais certaines preuves laissent penser que ces modifications sont imputables à des améliorations réelles de la lutte antipaludique.
  • Au Madagascar, les mesures préventives ont permis de réduire approximativement de moitié le nombre de cas et de décès rapportés entre 2001 et 2007. Il est toutefois possible que cette diminution était due à une réduction des rapports plutôt qu’à une amélioration des contrôles.
  • En Zambie, un pays hautement touché par le paludisme, les efforts consentis pour contrôler la maladie par le biais de l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, de pulvérisations intérieures et de médicaments antipaludiques, ont permis d’enregistrer une diminution de 9% en moyenne par an des nombres de cas et de décès entre 2001 et 2006. Ce recul du paludisme est très probablement imputable à une amélioration des contrôles.
  • Dans d’autres pays africains où une grande partie de la population a accès aux médicaments antipaludiques et aux moustiquaires imprégnées d’insecticide, notamment l’Ethiopie, la Gambie, le Kenya, le Mali, le Niger et le Togo, les données de surveillance de routine ne montrent pas clairement les réductions attendues de la morbidité et de la mortalité. En cause, des données incomplètes ou des interventions ayant eu de faibles répercussions.

6.3 Quel a été l’impact de la lutte antipaludique dans d’autres régions du monde ?

Entre 1997 et 2006, les cas de paludisme ont diminué dans au moins 25 pays endémiques en dehors de la région OMS de l’Afrique. Dans 22 de ces pays, le nombre de cas rapportés a chuté de 50% ou davantage au cours de cette période, en accord avec les objectifs de l’OMS. De plus, six pays – Cambodge, Laos, Philippines, Surinam, Thaïlande et Vietnam – sont actuellement en bonne voie d’atteindre les objectifs de l’OMS consistant en la réduction d’au moins 50% des décès liés au paludisme d’ici 2010. Dans certains cas, cette diminution des cas de paludisme et de décès liés à la maladie peut être attribuée aux campagnes de contrôle tandis que pour d’autres, la cause n’est pas si évidente.

Dans la région OMS des Amériques par exemple, le recul du paludisme dans certains pays (Bélize, Honduras, Nicaragua, Pérou, Surinam, Argentine, El Salvador et Mexique) a coïncidé avec l’amélioration des mesures de contrôle. Le paludisme n’a toutefois pas baissé dans les trois pays où sont dénombrés les plus grands nombres de cas : la Bolivie, le Brésil et la Colombie.

Dans la région OMS de la Méditerranée orientale, les pays ayant enregistré les plus importantes réductions des cas de paludisme sont ceux où les gouvernements nationaux ont fait les investissements politiques et financiers les plus importants en faveur de la lutte antipaludique. Cependant, dans six des pays les plus touchés de la région (Afghanistan, Djibouti, Pakistan, Somalie, Soudan et Yémen), il y a peu de preuves que les efforts fournis aient eu un quelconque effet.

Dans la région OMS de l’Europe, les trois quarts des cas de paludisme proviennent du Tadjikistan et de la Turquie, essentiellement le long des frontières avec l’Irak et la Syrie. Cependant, dans les deux pays, la charge du paludisme a chuté depuis les années 1990 grâce aux pulvérisations d’insecticides à l’intérieur des habitations et aux traitements médicaux rapides. Aujourd’hui, le Tadjikistan est le seul endroit au sein de la région européenne de l’OMS où a lieu la transmission de l’agent infectieux du paludisme P. falciparum.

Dans les régions OMS de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental, les réductions récentes des cas de paludisme et de décès liés à la maladie ont été associées à l’utilisation ciblée de moustiquaires imprégnées d’insecticide, aux diagnostics rapides et aux traitements efficaces.


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