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Agriculture et le développement

1. A quels défis l’agriculture fait-elle face aujourd’hui ?

    La présente Evaluation internationale des sciences et technologies agricoles pour le développement (IAASTD) dit :

    Champ de blé

    Champ de blé
    © Lars Sundström

    Le Rapport de synthèse illustre la complexité et la diversité de l’agriculture et des AKST dans toutes les régions du monde. Il a été conçu à partir du rapport mondial et des cinq rapports régionaux qui ont fourni les informations utilisées pour l’analyse intégrée des principales questions à résoudre pour réaliser les objectifs de développement et de durabilité. Il comprend deux parties qui traitent de la question principale suivante : Comment les AKST peuvent être utilisées pour réduire la faim et la pauvreté, améliorer les moyens de subsistance des populations rurales et promouvoir un développement équitable et écologiquement, socialement et économiquement rationnel ? Le Rapport examine huit thèmes transversaux, à savoir : bioénergie, biotechnologie, changements climatiques, santé humaine, gestion des ressources naturelles, commerce et marchés, connaissances traditionnelles et locales et innovation à base communautaire, et femmes dans l’agriculture. Le Résumé est subdivisé en deux grandes parties. La première partie présente la situation actuelle, les défis et les lignes d’action qui forment les AKST, et la seconde traite des huit thèmes transversaux.

    L’Evaluation internationale des sciences et des technologies agricoles pour le développement (IAASTD) reflète une prise de conscience générale, à savoir qu’en dépit d’importants progrès scientifiques et technologiques qui ont permis d’accroître la productivité agricole, nous avons été moins attentifs aux retombées involontaires de nos succès sur les plans social et environnemental. Le moment est venu d’engager une réflexion et de définir différentes options pour assurer la sécurité alimentaire et la protection des moyens de subsistance dans un environnement de plus en plus difficile, en intervenant aussi bien dans le secteur agricole et les systèmes économiques mondiaux que dans d’autres domaines.

    Cette prise de conscience générale est directement liée aux objectifs de l’IAASTD. Il s’agit de trouver des moyens d’utiliser les connaissances, les sciences et les technologies agricoles (AKST) pour faire reculer la faim et la pauvreté, améliorer les moyens de subsistance des populations rurales et promouvoir un développement équitable et durable sur les plans écologique, social et économique. A travers l’IAASTD, nous reconnaissons l’importance des AKST pour la multifonctionnalité de l’agriculture et ses liens avec d’autres problèmes qui se posent autant au niveau local que mondial, notamment la perte de la biodiversité et la diminution des fonctions des écosystèmes, les changements climatiques et la disponibilité de l’eau.

    L’IAASTD occupe une place à part dans les évaluations des sciences agricoles, car elle évalue aussi bien les sciences et technologies (S&T) modernes que les savoirs locaux et traditionnels, examine non seulement la production et la productivité mais aussi la multifonctionnalité de l’agriculture, et reconnaît que le rôle et la nature des AKST peuvent être abordés sous différentes perspectives. Pendant des années, l’agronomie a été essentiellement axée sur la diffusion des technologies pour accroître la productivité au niveau de l’exploitation, le marché et les mécanismes institutionnels mis en place par l’État étant les principales forces qui poussaient à adopter les nouvelles technologies. Le modèle général consistait à innover constamment, à réduire les prix aux producteurs et à externaliser les coûts. Ce modèle a permis d’obtenir des résultats extraordinaires en matière d’AKST dans les pays industrialisés après la seconde Guerre mondiale, et a été le moteur de la Révolution verte amorcée dans les années 60. Mais face aux nouveaux problèmes qui se posent aujourd’hui, les organisations scientifiques et technologiques sont de plus en plus nombreuses à reconnaître la nécessité de revoir le modèle d’AKST actuel. Le statu quo n’est plus une option. Il faut donc réexaminer le rôle que les AKST peuvent jouer dans la réalisation des objectifs de développement durable, en s’attachant à tenir davantage compte des différentes perspectives mondiales et approches parfois contradictoires de façon à éclairer et formuler des stratégies propices aux multiples fonctions de l’agriculture.

    Pour répondre aux différents besoins et intérêts des êtres humains, nous devons aborder la question de la durabilité suivant une approche commune fondée sur la collaboration aux niveaux local et international. Nous ne pouvons pas contourner la difficulté en nous bornant à faire l’amalgame des choix individuels pour produire des résultats collectifs durables et équitables. Il faut des incitations pour influencer les choix individuels. Des problèmes tels que la pauvreté ou les changements climatiques appellent également une action et une gestion concertées, régies par des conventions collectives, et à une échelle qui dépasse les intérêts individuels. Aux niveaux mondial, régional, national et local, les décideurs doivent être profondément conscients qu’il y a des problèmes différents, de multiples cadres théoriques et modèles de développement, et diverses options pour atteindre les objectifs de développement et de durabilité. La marche à suivre pour protéger notre planète et assurer notre avenir dépend de notre perception des problèmes et des solutions retenues.

    Les objectifs de développement et de durabilité doivent s’inscrire dans le contexte i) des inégalités économiques et sociales et des incertitudes politiques liée aux guerres et conflits ; ii) des incertitudes quant à notre capacité à produire et distribuer suffisamment de denrées alimentaires ; iii) des incertitudes quant à l’évolution des cours mondiaux des produits alimentaires ; iv) de l’évolution de la politique économique en matière de consommation de l’énergie fossile ; v) d’une concurrence accrue pour les ressources naturelles ; vi) de la recrudescence des maladies chroniques qui sont dues en partie à la malnutrition et à des problèmes liés à la qualité et la salubrité des aliments ; et vii) de l’évolution des conditions écologiques et d’une reconnaissance accrue des responsabilités humaines dans la préservation des services qu’offrent les écosystèmes mondiaux (approvisionnement, régulation, culturels et d’appui).

    Développement asymétrique, utilisation non viable des ressources naturelles, pauvreté rurale et urbaine persistante, tels sont les termes qui caractérisent le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. D’une manière générale, les effets négatifs de l’évolution du monde ont surtout touché les groupes les plus pauvres et les plus vulnérables, leurs droits et leurs opportunités de croissance étant toujours limités.

    Le rythme de création et d’adoption des technologies modernes a été très inégal. Les acteurs en Amérique du Nord et en Europe et dans les pays émergents, qui ont réalisé d’importantes économies d’échelle grâce aux AKST formelles, conserveront la part du lion dans les exportations agricoles et les chaînes de valeur étendues. Il importe au plus haut point de diversifier et de renforcer les AKST en tenant compte des différences qui existent entre systèmes agroécologiques et en termes de conditions sociales et culturelles. Le défi majeur est de répondre à la nécessité de réformer les AKST, de réduire la pauvreté et d’améliorer les moyens de subsistance des ruraux pauvres, notamment les paysans sans terres et les travailleurs migrants dans le secteur urbain non structuré.

    La préoccupation fondamentale dans toutes les régions est de faire reculer la pauvreté et d’offrir des moyens de subsistance aux pauvres qui se heurtent à des inégalités intra et interrégionales. On reconnaît aujourd’hui que la crise grandissante en matière de sécurité alimentaire pose des problèmes plus complexes et potentiellement plus graves que celle des années 60. La capacité et la volonté des différents acteurs, notamment du secteur public, de la société civile et du secteur privé, d’aborder la question fondamentale des rapports entre la production, les systèmes sociaux et environnementaux, dépendent des clivages politiques et économiques.

    La prise de conscience des enjeux et l’acceptation des moyens d’action possibles passent par un engagement à long terme des décideurs de répondre aux besoins spécifiques d’un large éventail d’intervenants. Pour faire face aux défis, possibilités et incertitudes que nous réserve l’avenir, il faut tenir compte des systèmes de savoir et de l’ingéniosité humaine en matière de sciences, de technologies, dans la pratique et les politiques. Et pour ce faire, il faut adopter des modèles de développement non hiérarchiques.

    Dans le domaine des AKST, le défi majeur consiste à accroitre la productivité agricole d’une manière durable. Les AKST doivent répondre aux besoins des petites exploitations dans différents écosystèmes et leur offrir des possibilités réelles de développement dans les régions où il est difficile d’accroître la productivité et où les changements climatiques risquent d’avoir les effets les plus préjudiciables. Les principales questions à résoudre par les AKST, qui sont liées aux systèmes agricoles multifonctionnels, sont les suivantes :

    • Comment améliorer le bien-être social et les moyens de subsistance dans le secteur rural et accroître les effets multiplicateurs de l’agriculture ?
    • Comment doter les acteurs marginalisés des moyens de préserver la diversité des systèmes agricoles et alimentaires, y compris dans leurs dimensions culturelles ?
    • Comment assurer l’approvisionnement en eau potable, préserver la diversité biologique et les ressources naturelles disponibles, et atténuer les effets négatifs des activités agricoles sur l’homme et l’environnement ?
    • Comment assurer et renforcer les services écologiques et culturels tout en accroissant durablement la productivité et la diversité des aliments, des fibres et des biocarburants produits ?
    • Comment gérer efficacement la création commune de savoirs d’origine de plus en plus hétérogène, et les échanges d’information entre différents organismes publics et privés de création et de diffusion des AKST ?
    • Comment intégrer la production des exploitations marginalisées qui pratiquent une agriculture pluviale dans les marchés locaux, nationaux et mondiaux ?

    Source & ©: IAASTD,  Résumé du Rapport de Synthèse, p.3-6


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