Faits scientifiques sur l'économie circulaire dans l'UE et dans le monde: quoi, où, qui et comment ?

5. Quels sont les principaux obstacles à une économie circulaire ?

Pour le rapport du Club de Rome (CoR)¹⁵, les forces du marché ne sont pas susceptibles par elles-mêmes de progresser vers une structure plus découplée de l'économie en ajustant l’efficience globale et la résilience dans la disponibilité des ressources. Des transformations politiques sont nécessaires, ainsi que des investissements dans les moyens disponibles notamment au niveau des infrastructures, de la construction et de la production industrielle.

Le rapport du CoR souligne également que certaines tendances du marché, telles que la pénurie croissante de ressources non renouvelables, qui sont parfois encore considérées comme sous-estimées, pourraient entraîner le développement d'alternatives alors que certaines des réglementations actuellement en place pour promouvoir une économie circulaire comme les soutiens aux énergies renouvelables, les marchés du CO₂, la directive sur l'éco-conception, les normes d'efficacité énergétique, les objectifs de recyclage des matériaux, etc ..., restent inefficaces et en entravent la compétitivité.

Cependant, et si, comme le souligne l’EASAC¹⁶, l'un des obstacles matériels à la circularité réside par exemple le manque de mise en place de systèmes de récolte des produits à recycler et d'infrastructures industrielles en mesure de réutiliser des sous-produits, le facteur clé reste par ailleurs que les prix ne reflètent pas la valeur réelle et globale (y compris les coûts cachés « externes ») des produits et services et ne jouent donc pas leur rôle essentiel d’informer sur les impacts et l’état de rareté des ressources. Il est donc nécessaire de vraiment coordonner la demande à l’offre possible et de procurer une compensation financière complète de la valeur des biens et services qui sont produits et consommés.

Un autre obstacle est l'existence de subventions nuisibles pour l'environnement¹⁷ qui, si d'une part, elles fournissent par exemple des moyens de subsistance à des gens comme les pêcheurs ou les agriculteurs, d'autre part, plus encore dans le cas notamment de la subvention à l’extraction des énergies fossiles, elles peuvent avoir des impacts négatifs sur l'environnement ou la santé sans valoriser pour autant la dimension circulaire de ces activités.

Pour le rapport du groupe de travail du PNUE, les principaux défis du découplage entre prélèvement et utilisation des ressources sont donc les suivants  :

1. expliquer comment la compréhension des flux de ressources mondiaux et de leurs impacts environnementaux associés peut permettre de mieux comprendre aussi des défis connexes tels que le changement climatique et le rôle que jouent les services écosystémiques ;
2. convaincre les décideurs (et le grand public) que les limites physiques absolues des ressources naturelles non renouvelables imposent d’agir ;
3. accélérer le découplage entre prélèvement et utilisation de ressources qui a déjà commencé par un accroissement rapide des investissements dans les innovations et les technologies ;
4. développer des signaux du marché appropriés qui pourraient contribuer à ce que l’accroissement de l’efficacité dans l’usage des ressources devienne une vraie priorité pour les citoyens ;
5. promouvoir des villes des espaces privilégiés où l'ingéniosité, les ressources et les communautés se conjuguent pour générer un découplage pratique dans les modes de production et de consommation ;
6. faire accepter comme une condition préalable et nécessaire le découplage entre économie et création de valeur pour réduire les inégalités mondiales et finalement aider à éradiquer la pauvreté.

¹⁵  www.clubofrome.org/wp-content/uploads/2016/03/The-Circular-Economy-and-Benefits-for-Society.pdf
¹⁶  www.easac.eu/fileadmin/PDF_s/reports_statements/EASAC_Circular_Economy_Web.pdf
¹⁷  http://ec.europa.eu/environment/enveco/taxation/pdf/Harmful%20Subsidies%20Report.pdf