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Dégradation des Ecosystèmes

5. Comment, selon divers scenarios plausibles, les écosystèmes pourraient-ils évoluer dans le futur ?

  • 5.1 Quels scenarios ont été explorés dans cette évaluation ?
  • 5.2 Comment les facteurs directs et indirects de changement pourraient-ils évoluer ?
  • 5.3 Comment les écosystèmes pourraient-ils changer d'ici 2050 ?
  • 5.4 En quoi la transformation des écosystèmes pourrait-elle affecter le bien-être humain ?
  • 5.5 Quels sont les avantages de la gestion proactive des écosystèmes ?

5.1 Quels scenarios ont été explorés dans cette évaluation ?

Quatre scénarios plausibles explorent le futur des écosystèmes et le bien-être humain pour les 50 années à venir et au delà. Les scénarios envisagent deux voies possibles pour le développement mondial : une plus grande globalisation ou une plus grande régionalisation. Ils envisagent également deux approches différentes de la gestion des écosystèmes : dans l'une, les mesures prises sont réactives et les problèmes ne sont abordés qu'après que ceux-ci soient devenus évidents; dans l'autre, la gestion des écosystèmes est proactive et vise délibérément la préservation à long terme des services fournis par les écosystèmes. Plus en anglais…

5.1.1 Les quatre scénarios sont :

  • Orchestration globale - Ce scénario fait le portrait d'une société mondialement interconnectée qui se concentre sur le commerce mondial et la libéralisation économique, et qui adopte une approche réactive aux problèmes liés aux écosystèmes, mais qui prend également des mesures fortes pour réduire la pauvreté et l'inégalité et investir dans les secteurs d'utilité publique tels que l'infrastructure et l'éducation. Des quatre scénarios, c'est celui qui présente la croissance économique la plus élevée et la population mondiale la plus faible en 2050.
  • Ordre par la force - ce scénario représente un monde régionalisé et fragmenté, préoccupé par des soucis de sécurité et de protection, mettant l'accent principalement sur des marchés régionaux, en prêtant peu d'attention aux biens d'utilité publique, et adoptant une approche réactive face aux problèmes liés aux écosystèmes. Des quatre scénarios, c'est celui qui présente les taux de croissance économique les plus bas (particulièrement dans les pays en voie de développement) - taux qui diminuent avec le temps - et la croissance démographique la plus forte.
  • Mosaïque d'adaptation - dans ce scénario, les écosystèmes délimités par les bassins versants régionaux sont au centre de l'activité politique et économique. Les institutions locales sont renforcées, les stratégies de gestion locale des écosystèmes sont fréquentes et les sociétés développent une approche fortement proactive de la gestion des écosystèmes. Au départ, les taux de croissance économiques sont un peu bas mais ils augmentent avec le temps, et la population en 2050 est presque aussi importante que dans le scénario précédent (ordre par la force).
  • Techno jardin - ce scénario représente un monde interconnecté à l'échelle mondiale et s'appuyant fortement sur une technologie respectueuse de l'environnement, faisant usage d'écosystèmes activement gérés dans le but de fournir des services – et bien souvent conçus à ces fins – et adoptant une approche proactive de la gestion des écosystèmes afin de prévenir les problèmes. La croissance économique est relativement élevée et s'accélère tandis que la population en 2050 atteind un niveau moyen par rapport aux autres scénarios.

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Pour plus d'information sur chaque scénario, cliquez sur les liens ci-dessous :

Gestion des écosystèmes Développement mondial
globalisation régionalisation
réactive Orchestration globale
Orchestration globale
[en]
Ordre par la force
Ordre par la force
[en]
proactive Techno jardin
Techno jardin
[en]
Mosaïque d'adaptation
Mosaïque d'adaptation
[en]

5.1.2 Les scénarios ne sont pas des prédictions mais une manière d'explorer les futurs changements possibles dans les services fournis par les écosystèmes et les facteurs socio-économiques. Aucun des scénarios n'envisage le maintien du statu quo (business-as-usual), bien que tous se basent sur les conditions et les tendances actuelles. Le futur tel qu'il sera réellement consistera vraisemblablement en un mélange d'approches et de conséquences décrites dans les scénarios et comprendra des événements et des 'innovations qui n'ont pas encore été imaginés. Aucun des scénarios n'est à même de refléter le futur tel qu'il se révèlera dans la réalité. D'autres scénarios pourraient être développés avec des issues soit plus optimistes soit plus pessimistes pour les écosystèmes, leurs services et le bien-être humain. Plus en anglais…

5.2 Comment les facteurs directs et indirects de changement pourraient-ils évoluer ?

5.2.1 Dans les quatre scénarios, les écosystèmes sont perturbés par les mêmes facteurs directs et indirects de changement qu'aujourd'hui, mais on s'attend à ce que l'importance relative de certains de ces facteurs évolue au cours des 50 prochaines années. Des facteurs tels que la croissance démographique mondiale deviendront relativement moins importants tandis que d'autres (comme par exemple la répartition géographique des êtres humains, le réchauffement climatique ou encore les changements dans les cycles des éléments nutritifs) prendront plus d'ampleur.

Voir le tableau 5.1 sur les principales suppositions des divers scénarios concernant les changements futurs dans les différents facteurs directs et indirects de changement [en]

Projections de 2000 à 2025 selon chacun des quatre scénarios :

  • La population mondiale devrait atteindre approximativement entre 8,1 et 9,6 milliards de personnes en 2050 (et entre 6,8 et 10,5 milliards en 2100) en fonction des scénarios (voir la figure 5.1 [en]).
  • Le revenu moyen par habitant devrait se situer entre 2 et 4 fois le revenu actuel en fonction des scénarios, entraînant une augmentation de la consommation.
  • Le changement dans l'affectation des terres, et en particulier l'extension de l'agriculture, devrait demeurer un des plus importants facteurs directs de changement, tant au niveau des terres que dans les rivières, les étangs et lacs.
  • Les niveaux élevés d'éléments nutritifs dans l'eau devraient devenir un problème croissant, en particulier dans les pays en voie de développement. Les conséquences majeures que cela entraîne à l'heure actuelle comprennent la prolifération d'algues toxiques, des problèmes de santé, la mort de poissons ou encore l'endommagement des récifs coralliens.
  • Les effets du réchauffement climatique sur la biodiversité et sur les services fournis par les écosystèmes devraient s'accroître. On s'attend au minimum à des changements dans la température, les précipitations, la végétation, le niveau des océans et la fréquence de phénomènes météorologiques extrêmes.

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5.2.2 Dans les quatre scénarios, on s'attend à ce que le réchauffement climatique augmente de façon significative la température moyenne à la surface du globe (de 1,5 à 2,0°C au-dessus des niveaux préindustriels d'ici 2050 et de 2,0 à 3,5°C d'ici 2100, en fonction des scénarios).

Comparées aux autres estimations sur le réchauffement climatique (voir, par exemple, les estimations du troisième rapport d'évaluation du GIEC), ces chiffrent se situent vers le bas et le milieu de la fourchette. Cela est dû principalement au fait que les quatre scénarios supposent que des mesures importantes pour lutter contre le réchauffement de la planète seront prises d'ici le milieu du XXIe siècle. On prévoit une augmentation de la moyenne des précipitations à l'échelle mondiale, mais certaines régions deviendront plus arides et d'autres plus humides.

Le réchauffement climatique affectera directement les services fournis par les écosystèmes, par des changements dans la productivité et dans les zones de croissance de la végétation, ainsi que dans la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes. En outre, il est attendu que le réchauffement climatique touche également les écosystèmes de façon indirecte, par exemple à travers l'augmentation du niveau des mers qui perturbe la végétation du littoral.

Une série de services fournis par les écosystèmes, identifiés comme représentant des défis clés pour le développement, devraient être fortement perturbés par le réchauffement climatique. Ces services sont, entre autres, l'offre d'eau potable, d'énergie et d'aliments, la préservation d'un environnement sain ainsi que la conservation de systèmes écologiques, de leur biodiversité et des biens et services écologiques qui leur sont associés.

D'ici 2100, le réchauffement climatique et ses impacts pourraient devenir les principaux facteurs directs de perte de biodiversité et de changement dans les services fournis par les écosystèmes à l'échelle de la planète. Bien que certains services dans certaines régions puissent bénéficier dans un premier temps des augmentations de températures ou de précipitations prévues, on s'attend à un impact négatif net important sur les services des écosystèmes à travers le monde dès que la température dépassera les niveaux préindustriels de plus de 2°C ou dès que le rythme de réchauffement sera supérieur à 0,2°C par décennie. Plus en anglais…

5.3 Comment les écosystèmes pourraient-ils changer d'ici 2050 ?

5.3.1 La transformation rapide des écosystèmes devrait se poursuivre selon les quatre scénarios. On prévoit qu'environ 10 à 20% des prairies et des forêts actuelles seront transformées pour l'extension de l'agriculture, des villes et de l'infrastructure. La vitesse de transformation des écosystèmes dépendra fortement des changements dans la population, les richesses, le commerce et la technologie. D'après les quatre scénarios, d'ici 2050, la perte d'habitats terrestres entraînera un brusque déclin dans la diversité locale d'espèces natives de l'endroit ainsi que dans les services qui y sont associés. Plus en anglais…

5.3.2 Les pertes d'habitats prévues dans les quatre scénarios entraîneront des extinctions à l'échelle mondiale à mesure que les populations s'adapteront aux habitats restants. Le nombre d'espèces de plantes, par exemple, pourrait chuter de 10 à 15% à cause des habitats perdus entre 1970 et 2050. Certaines espèces disparaîtront aussitôt que leur habitat sera modifié tandis que d'autres subsisteront pendant des décennies, voire des siècles. Les décalages entre la réduction des habitats et l'extinction des espèces qui en dépendent offrent la possibilité pour l'Homme de restaurer ces habitats et de sauver des espèces de l'extinction. Plus en anglais…

Voir le tableau 5.2 sur les issues pour les services fournis par les écosystèmes en 2050 par rapport à 2000 selon les scénarios [en]

5.4 En quoi la transformation des écosystèmes pourrait-elle affecter le bien-être humain ?

Si l'on compare les services d'approvisionnement, de régulation et culturels dont pourront jouir les hommes en 2050 par rapport à aujourd'hui selon les divers scénarios, il ressort que tous les scénarios excepté celui de "l'Ordre par la force" prévoient des améliorations nettes dans au moins une des catégories de services. Toutefois, même dans les scénarios indiquant des améliorations, la perte de biodiversité devrait se poursuivre rapidement (voir la figure 5.3 [en]). Plus en anglais…

5.4.1 Parmi les changements dans les services fournis par les écosystèmes et dans le bien-être humain, ceux qui suivent sont communs aux quatre scénarios. En effet, selon ces scénarios :

  • l'utilisation humaine des services fournis par les écosystèmes augmentera fortement. Dans de nombreux cas, cela entraînera une détérioration de la qualité des services et même une baisse au niveau de la quantité si l'utilisation n'est pas durable. La croissance démographique et l'augmentation de la consommation par habitant entraîneront un accroissement de la demande en services, bien que les ressources soient exploitées de façon toujours plus efficace.
  • il est probable que la sécurité alimentaire demeure hors de portée de nombreuses personnes malgré l'augmentation de l'approvisionnement en nourriture et la diversification de l'alimentation dans les pays pauvres.
  • il est prévu que les ressources mondiales en eau douce connaissent des changements complexes et importants qui varieront grandement en fonction de la situation géographique. Les précipitations accrues dues au réchauffement climatique offriront plus d'eau dans certaines régions mais y augmenteront également la fréquence des inondations. Dans d'autres régions, les baisses de précipitations rendront l'eau moins accessible. En outre, les captages d'eau et les rejets d'eaux usées devraient fortement s'accroître dans certains pays en voie de développement.
  • la demande croissante de poisson entraîne un risque accru d'effondrement des stocks régionaux de poissons marins. L'aquaculture pourra atténuer quelque peu cette pression mais devra pour cela cesser de dépendre elle-même de poissons marins comme source de nourriture pour ses élevages.

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5.4.2 Il est difficile de prévoir dans quelle mesure les écosystèmes terrestres contribueront à la régulation du climat dans le futur. L'émission ou l'absorption de carbone par les écosystèmes influe sur les quantités de certains gaz à effet de serre dans l'atmosphère et régule par conséquent le climat à l'échelle de la planète. A l'heure actuelle, les écosystèmes constituent un puits net de carbone, absorbant environ 20% des émissions de combustibles fossiles. Ce service de régulation du climat sera très probablement perturbé par les changements dans l'affectation des terres, bien qu'il soit difficile de faire des prévisions à cause de notre compréhension limitée des mécanismes de respiration des sols. Plus en anglais…

5.4.3 Les services fournis par les écosystèmes des zones arides sont particulièrement vulnérables aux changements, surtout à ceux imputables au réchauffement climatique, au stress hydrique, et aux pratiques intensives. Plus en anglais…

5.4.4 Selon la plupart des scénarios, la santé humaine devrait s'améliorer dans l'avenir. Le nombre d'enfants souffrant de sous-alimentation devrait diminuer, de même que la proportion de gens touchés par le SIDA/HIV, la malaria et la tuberculose. L'amélioration des mesures en matière de santé publique limite l'impact de nouvelles maladies comme le SRAS. Cependant, selon le scénario "Ordre par la force", les disparités en matière de santé et de conditions sociales entre le Nord et le Sud pourraient s'accroître, ce qui entraînerait une spirale négative de pauvreté, de problèmes de santé, et d'écosystèmes dégradés dans les pays en voie de développement. Plus en anglais…

5.4.5 Chaque scénario apporte une série de gains, de pertes et de vulnérabilités différente en matière de bien-être humain pour différentes régions et pour différentes catégories de population. Par exemple, les approches intégrées à l'échelle mondiale se concentrant sur la technologie et les droits de propriété pour les services fournis par les écosystèmes améliorent généralement le bien-être humain en termes de santé, de sécurité, de relations sociales et de besoins matériels. Toutefois, si les mêmes technologies sont utilisées partout sur Terre, on risque la disparition ou la sous-évaluation des cultures locales. Plus en anglais…

Voir le tableau 5.3 sur l'issue du bien-être humain selon les différents scénarios en 2050 par rapport à 2000 [en]

5.5 Quels sont les avantages de la gestion proactive des écosystèmes ?

Il ressort des scénarios que la gestion proactive des écosystèmes est généralement avantageuse, particulièrement face à des conditions changeantes ou nouvelles. Les surprises écologiques sont toutefois inévitables étant donné la complexité des interactions impliquées et la compréhension actuellement insuffisante des propriétés dynamiques des écosystèmes. Certains phénomènes surprenants survenus au cours du siècle dernier sont désormais bien compris, comme la capacité des insectes nuisibles à développer une résistance aux biocides ou la contribution à la désertification de certaines affectations des sols.

Une approche proactive est plus avantageuse qu'une approche réactive car lorsque des services des écosystèmes sont dégradés, leur restauration, si elle est possible, demande plus de temps et d'argent que la prévention de la dégradation. Néanmoins, les approches, proactive et réactive présentent toutes deux des coûts et des bénéfices (comme l'illustre le tableau 5.4 [en]).

Voir le tableau 5.4 sur les coûts et bénéfices comparés des gestions proactive et réactive des écosystèmes [en]


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